Le roman gothique et l'idéalisation du vampire
La littérature gothique du XVIIIe siècle et l'idéalisation des vampires
Le XVIIIe siècle voit l'émergence de la littérature gothique, un genre littéraire né en réponse à l'ère des Lumières et à ses idéaux de rationalité. En s'aventurant dans les ténèbres et le surnaturel, cette période marque une transformation notable dans la manière de représenter les vampires. Ces créatures mythologiques, autrefois vues comme des entités monstrueuses, évoluent pour devenir des personnages plus complexes, séduisants et symboliques, représentant le désir, la transgression et l'immortalité.
L'essor de la littérature gothique
Les romans gothiques, tels que Le Château d'Otrante (1764) de Horace Walpole, se caractérisent par une atmosphère sombre, oppressante et mystérieuse. Le vampire y est d'abord perçu comme une créature surnaturelle effrayante, mais il devient rapidement un personnage plus raffiné et aristocratique. Cette évolution est le reflet d'une fascination croissante pour les désirs interdits et la rupture des conventions sociales.
Le vampire romantique : une incarnation de la séduction
Un des premiers exemples marquants de la "glamourisation" du vampire apparaît dans le personnage de Lord Ruthven, protagoniste du récit The Vampyre (1819) de John Polidori. Ce vampire, mystérieux et d'un statut aristocratique élevé, est une figure bien éloignée des monstres grotesques du folklore. Ruthven devient un archétype, un mélange de charisme et de malveillance, inspirant ainsi les vampires modernes. Plus tard, dans Carmilla (1872) de Sheridan Le Fanu, l'idée du vampire féminin séduisant et ambivalent prend forme, jouant sur des thèmes de désir interdit et d'ambiguïté sexuelle. Ces représentations complexes et nuancées transforment le vampire en une créature aussi attirante qu'effrayante.
L'influence de Dracula et la consolidation du vampire glamour
Bien que publié vers la fin du XIXe siècle, Dracula (1897) de Bram Stoker est une étape décisive dans l'évolution de l'image du vampire. Le personnage du comte Dracula, aristocratique, séduisant et à la fois dangereux, incarne parfaitement ce nouveau type de vampire. Il devient l'archétype par excellence, une fusion entre désir et mort, charme et menace.
La littérature gothique a donc joué un rôle majeur dans la transformation de l'image du vampire, le faisant passer d'une créature horrifique à un symbole de désir, d'immortalité et de transgression. Ces vampires, à la fois fascinants et terrifiants, ont marqué profondément la culture populaire, continuant à inspirer de nombreuses œuvres et à alimenter la fascination pour la séduction fatale et le surnaturel.
Sources :
POLIDORI John. The Vampyre, 1819.
LE FANU Sheridan. Carmilla, 1872.
STOCKER Bram. Dracula, 1897.